Février 2005
C’était une fin de journée ressemblait à toutes les autres, jusqu’au moment où Tyler fit irruption dans le jardin coupant court à mon entrainement de volet.
« Lâches ta balle frangine, j’ai un service à te demander. » J’arquais un sourcil. Un service hein ? Chez Tyler, le mot service n’hésitait pas dans le sens où tout le monde le connait. Non chez mon cher jumeau cela signifiait
« Tu fais ça sinon je te fais la misère pour le reste du mois. » Et vue que nous n’étions qu’en début de mois, je n’avais guère envie de supporter ses sautes d’humeur digne de la plus capricieuse des femmes enceintes ce mois-ci, j’avais d’autres préoccupations. Attrapant une serviette j’épongeais mon visage avant de me saisir d’une bouteille d’eau et de la finir d’une traite. Une fois cela fait je le dévisageais attendant qu’il m’explique ce qu’était ce « service ».
« Bon t’accouches Ty’ j’ai pas toute la fin de la journée à te consacrer ! » « Ouais bah tu devrais, j’suis ton frère, jumeau en plus. » Je roulais des yeux exaspérée.
« C’est pas qu’on a passé neuf mois collé serré il y a 17 ans que je vais passer ma vie collée à toi. » Un petit rictus étira nos lèvres et je pouffai de rire.
« Alors de quel pétrin veux-tu que super Sookie te sorte ? » « Pas vraiment un pétrin… » Je le dévisageais, les yeux grands écarquillés. Sérieux ? Tyler pas dans un pétrin, faudrait que je le marque sur le calendrier et que je fête ça l’an prochain à la même date.
« Faudrait juste que t’aille apporter ça à Trystan. » « Et tu peux pas le faire ? Je ne suis pas ton coursier je te l’ai déjà dit. » Je m’apprêtais à passer le pas de la baie vitrée quand il me retint.
« S’il te plait Sookie ! » Je le regardais, il était rare que Tyler vienne à me dire "s’il te plait".
« Il aime pas que je débarque à l’improviste chez lui… Si je le fais il va me le faire payer à l’entrainement demain. » « Et en quoi c’est mon problème ? J’t’ai jamais obligé à faire ce jeu stupide et violent ! » « Mon épaule me fait mal … » Chantage ! Oui ça puait le chantage affectif. Tyler n’était pas le genre de personne à étaler ses faiblesses ainsi. En fait il essayait de me prendre par les sentiments car monsieur devait avoir une flemme phénoménale aujourd’hui. Mais bon, quelque part au fond de moi je voulais croire à sa potentielle souffrance, et connaissant un tant soit peu Trystan je savais qu’il ne se gênerait pas pour démolir Tyler s’il avait quelque chose à lui reprocher. Soupirant je me saisis du tas de vêtements et jeux vidéo que me tendait mon frère et les posait sur la table de la véranda.
« J’vais me prendre une douche y j’y vais mais tu seras de corvée de chauffeur ce weekend ! »C’est comme ça que je me suis retrouvée à attendre sur le pas de la porte de Trystan. Y’a parfois où j’aurais aimé être seule dans le ventre de notre mère y’a 17 ans. Je n’aurais pas eu à faire des choses aussi gênantes et déplacées… Me balançant d’avant en arrière sur mes pieds, les mains chargées, j’attendais qu’on m’ouvre… Chose qui semblait ne pas vouloir se produire. Mais on m’avait bien éduqué et on m’avait appris à être patiente. Donc je patientais calmement derrière la porte tandis qu’un foin du tonnerre se produisait derrière celle que je fixais. Puis enfin la porte blanche s’ouvrit et la tête blonde de Trystan apparue dans l’interstice.
« Sook’ ? Qu’est-ce que tu fais là ? » Il était comme de la famille donc ça ne me chagrinait guère qu’il m’appelle par un de mes diminutifs.
« Ty’ m’a demandé de… » Je m’interrompis en me reculant voyant qu’il se faufila dans un interstice qu’il voulait gardait au grand minimum comme s’il ne voulait pas qu’on voit ce qui se passait à l’intérieur.
« Tu tombes vraiment au mauvais moment tu sais… » « Oh non mais je te dépose ça et… » Un bruit ressemblant à un fracas de verre brisé m’interrompis et aussitôt Trystan rouvrit la porte pour se précipiter à l’intérieur. Ça serait mentir de dire que je n’étais pas curieuse de savoir ce qui pouvait se passer chez lui. Je déposais alors sur la balancelle ce que j’avais dans les mains et poussait doucement la porte pour passer juste le pas de la porte. Trystan était agenouillé dans le fond de la pièce tandis qu’une femme se tenait dans l’encadrement de la porte du fond. Cela devrait être sa mère.
« Je suis désolée Trystan je voulais le remplir d’eau pour les fleurs… » « Maman tu sais bien que je ne t’ai pas ramené de fleurs aujourd’hui… Je t’ai dit que j’irais quand tu dormiras… » Au sol était éparpillé des morceaux de porcelaine. Restants probablement de ce qui était autrefois je suppose un vase.
« Je… je vais aller faire des pancakes pour mon chéri. » La femme d’une démarche non-assurée s’aventura dans la pièce pour rejoindre ce qui devait être la cuisine. Aussitôt Trystan se redressa en grimaçant.
« Non maman, tu les as fait ce matin déjà… Il est 18h maman tu t’en rappelles ? » « Ah bon ? Si tard ? » « Et si tu allais te reposer un peu hein ? » La mère semblait perdue, mais ce n’était pas ça qui me choquait le plus. Pour la première fois depuis que je le connaissais je découvris un Trystan dépassé, et peiné. Ses mains tremblaient, tout comme sa voix. La femme semblait vouloir retournait dans cette pièce qui devait être la cuisine quand elle me remarqua sur le pas de la porte.
« Oh mon chéri tu as de la visite ? Je… Je la connais ? » Elle regardait son fils enjouée tandis que Trystan m’avait jeté un bref regard. J’avais deviné qu’il allait exploser contre mon indiscrétion mais je n’étais pas le genre à avoir peur pour si peu. Je m’approchais et tandis ma main vers la mère de Trystan.
« Je m’appelle Juliet-Sookie, je suis la sœur de Tyler Ferguson. » « Tyler, ton ami Trystan ? » « C’est exacte. Pour être plus précis je suis sa jumelle, rajoutais-je avec un petit rire.
» La femme parue ravie de cette information et se saisit de ma main et prenant appuis sur mon bras s’avança vers moi.
« Et si je vous aidais pour que vous puissiez aller vous reposer ? » « Oh si c’est gentiment proposer ! Trystan tu ne m’avais pas dit que tu connaissais une si charmante personne ! » Je ris doucement et la laissait prendre de l’avant avant de poser une main réconfortante dans le dos du beau blond.
« Si tu t’asseyais un peu pour que je regarde ta main ? » Il me regardait quelque peu réticent et obtempéra. Je reviens et m’assis près de lui.
« Tu as de quoi désinfecté ? Ce n’est pas très profond mais ça serait plus judicieux. » Il se leva et prit dans ce que j’avais déduis être la cuisine une trousse de premiers secours. Je lui bandai alors la main et me chargeait des morceaux de vase.
« T’as pas besoin de faire ça… Je n’ai pas besoin d’aide ni de ta pitié… » « Pitié ? Où ça ? » Je tournais de tous les côté avant de poser mon regard suis lui un rictus au coin des lèvres.
« Tu sais je n’éprouve pas de pitié… Plus de l’admiration et de la compassion. Je te trouve aussi très courageux… » J’allais jeter les morceaux et m’arrêtai dans l’encadrement de la cuisine.
« Tu aurais pu au moins demander de l’aide à Ty’, je suis sûre qu’il… » « Je n’ai pas besoin de l’embêter avec ça… Ni lui ni toi… » Il se leva et chercha à s’occuper les mains.
« Tu m’embêteras pas tu sais… j’ai travaillé à mi-temps dans une maison de retraite durant 3 mois, j’ai été confronté à des Alzheimer tu sais… Ce n’est pas pour autant que je vais te prendre ou ta mère en pitié ! » Je voyais bien que je le dérangeais et que mes propos résonnaient dans le vide. Je sortis alors de mon sac un bloc gribouilla quelque chose dessus et déchirai la page.
« Si tu as besoin de décompresser de parler ou juste voir autre chose. » Je fis glisser le papier sur la table basse vers lui et sortis de la maison, grimpai dans la maison pour reprendre le chemin de la maison.
UNDERCO