Enfin ! Après une semaine de dur labeur, je suis enfin en week end ! Et comme toutes les semaines, je le commence en allant boire un café avec ma grande sœur. Quand j’ai quitté Los Angeles, je n’ai prévenu personne, même pas elle. J’étais sa seule vraie famille mais je l’ai abandonné. N’allez pas croire que se fut facile pour moi. Quitter ma mère ne me posait aucun souci, elle ne s’en était d’ailleurs rendue compte que très tard. Quitter Henry non plus même si je l’aimais, j’avais ma fierté et je ne pouvais pas supporter ses abus. Jamais je n’ai raconté à ma sœur la vérité, j’avais honte et je ne voulais surtout pas qu’elle s’en mêle. Ne pas lui expliquer mon départ c’était ne pas lui expliquer que chaque soir, mon fiancé me frappait parce qu’il avait passé une mauvaise journée et que son troisième ou quatrième verre ne lui avait pas suffit pour passer à autre chose. Quand j’étais gosse je me souviens avoir cru au grand amour. J’y ai d’ailleurs cru longtemps, même quand Henry me fit sa demande. Dans ma tête, ma vie allait enfin être comme j’en avais rêvé. J’étudiais ce qui me passionnait, j’étais amoureuse bref, j’adorais tout ça. Sauf que je ne fais pas partie d’un conte mais bien de la vraie vie. Bref, tout ça pour dire que je préférais épargner ma sœur de mes problèmes sachant qu’elle avait déjà suffisamment à faire avec les siens. Vers 11h, je pénétrai dans le starbuck à la recherche de sa salle tête de pas réveiller. Je savais parfaitement qu’elle se levait juste pour me faire plaisir parce qu’elle adorait ça, me faire plaisir. Ne la trouvant pas, j’en déduisit qu’elle devait être en retard et donc préféra m’installer en l’attendant.

« Et merde ! » Un petit coup de speed dès le matin ? Pourquoi pas. Ça réveille au moins. Ni une, ni deux, j'étais sous ma douche. Je n'étais pas encore tout à fait en retard mais il fallait faire vite si je ne voulais pas l'être. D'où cette douche en six minutes chrono et le fait que je courais dans tout mon appartement. Mais où est cette foutue paire de chaussures ? Impossible de la trouver. J'avais beau tout retourner, courir de pièce en pièce, pas moyen de mettre la main dessus. Et à force de chercher, chercher et chercher.. Ça y est, j'étais bel et bien en retard. Zut. Je détestais ça. Pourtant cela m'arrivait aussi fréquemment que de me laver les dents. C'est à dire tout le temps. Oui je ne pouvais supporter d'avoir cette sensation de dents sales. Mais nous nous éloignons. Donc, j'étais en retard alors que c'était ma petite soeur que j'allai voir. Je pris donc la première paire de ballerines qui me tomba sous la main et les enfila vite fait avant de sortir de l'appartement en attrapant mon sac au passage. Je voulais me rendre à pieds au starbuck mais je ne pouvais me permettre de perdre plus de temps que ça. Je pris donc un taxi. Parce que, aussi brillante que suis-je, je n'ai toujours pas mon permis. Mais soit. Il me fallut seulement quelques minutes supplémentaire avant d'arriver à destination. Je paya le chauffeur avant de m'extirper de sa voiture et d'enter dans le café. Je vis tout de suite où ma soeur était assise et m'empressa de la rejoindre, m'asseyant en face d'elle. « Je suis désolée, je cherchais ma paire de chaussures, tu sais, ma paire de talons préférée, avec le petit noeud au dessus.. »

En attendant Charlie je me mis à observer les gens autour de moi. Il y avait un couple juste en face de la table où j’étais installée. Sans m’en rendre compte je les fixais pensant à mon ancienne relation amoureuse. Parfois, je retrouvais Henry entre deux révisions pour prendre un café avec lui. Aujourd’hui, tout ceci était terminé … Plutôt chaotique cette histoire je dois dire, mais à présent derrière moi. Bien sur, je ne pourrais jamais oublier, que je le veuille ou non. Il avait réussi à me rendre vulnérable. Je déteste ce sentiment. Il avait propagé le désastre dans ma vie déjà bien amochée et je n’avais jamais rien fait contre ayant trop peur de ce que ça pouvait entraîner. Ma furie de sœur me coupa dans mes pensées quand elle arriva essoufflée. « Je suis désolée, je cherchais ma paire de chaussures, tu sais, ma paire de talons préférée, avec le petit noeud au dessus.. » Elle avait ce don pour toujours avoir une excuse. Jamais vous ne verrez Charlie arriver à l’heure. Et à chaque fois elle aura une bonne raison pour ce retard. En souriant, je sortis mon pied de sous la table. « Tu veux dire celles que tu m’as laissé t’emprunter y’a deux jours ? » Sans attendre sa réponse, j’appelai un serveur afin que nous puissions commander nos cafés. Il me manquait encore ma dose de caféine afin que ma journée ne commence vraiment.

En déblatérant mon petit charabia, je me rendis compte que mon excuse était vraiment bidon. Même si, dans le feu de l'action, elle était très valable. Ça pouvait sembler très superficiel de s'acharner à trouver une paire de chaussures, même étant en retard. Mais je voulais être la plus belle pour aller voir ma petite soeur chérie. Même si ce n'était que pour boire un café. Ma soeur était toujours jolie, elle, surtout avec - mon regard descendit au sol - mes chaussures. « Tu veux dire celles que tu m’as laissé t’emprunter y’a deux jours ? » Je voulais dire celles-là, en effet. Je passais vraiment pour une quiche - que je suis - là. Ça m'était complètement sortit de la tête, que Jules me les avait emprunté. Je devais vraiment manquer de sommeil moi. « Je suis vraiment trop bête! Je suis en retard à cause d'une paire de chaussures que j'avais même pas.. Désolée mon petit chou! » En relevant la tête, je vis que le serveur était déjà là. Je lui fis un petit sourire avant de passer commande. Deux cafés, comme tous les samedis matins, toujours vers 11h. J'étais d'ailleurs persuadées que le serveur nous connaissait maintenant. En même temps, deux jolies jeunes femmes comme nous ne paissaient pas vraiment inaperçues.

« Je suis vraiment trop bête! Je suis en retard à cause d'une paire de chaussures que j'avais même pas.. Désolée mon petit chou! » Ma sœur pouvait vraiment être tête en l’air. Elle avait ce don pour oublier les choses en un instant. J’imagine que c’est ce qui fait son charme. Elle est toujours pleine de surprise et de vie. Même quand ça va mal, Charlie ne peut s’empêcher de sourire. Elle est comme ça depuis toujours, j’ai jamais compris d’ailleurs. C’est parfois bien de pleurer, sauf que c’est rare chez elle. Elle se garde de tout sentiment. Je suis sa sœur pourtant, je ne l’ai jamais vu pleurer. Enfin si quand on était gosse mais ça compte pas. Son cœur à genre construit une barrière qui empêche toutes les larmes de couler. Je sais pas comment elle fait. Je déteste pleurer pourtant parfois ça fait du bien. Par exemple, dans le car en direction de Lima j’ai passé mon trajet à pleurer. Je laissais ma sœur derrière moi et j’abandonnais ma vie. Nos deux cafés arrivèrent rapidement. Je préférais attendre le mien brûlant alors je n’attendis pas pour commencer à le boire. « C’est bon t’inquiètes pas pour ça. Si ça avait pas été les chaussures, t’aurais eu une autre excuse de toute façon. » Je souriais. Comment avais je pu croire que je pourrais vivre sans elle ? Même si je ne voulais rien lui dire pour Henry, je savais qu’elle serait là pour moi si un jour elle l’apprenait. Elle l’avait toujours été. Quand j’ai un problème je peux compter sur elle, peu importe ce que c’est. Et c’étais réciproque, jamais je ne la laisserais tomber comme j’ai pu le faire il a quelques mois de ça. « Bon alors, ta semaine, bien ou pas ? »

Je vis nos cafés arriver. Jules commença tout de suite à boire, ce qui ne m'étonna même pas. Moi je suis une petite nature, je peux pas boire des trucs trop chaud. Je devais me contenter d'attendre donc pour le moment. « C’est bon t’inquiètes pas pour ça. Si ça avait pas été les chaussures, t’aurais eu une autre excuse de toute façon. » Je me serais presque sentie vexée. Mais bon, elle avait raison. N'empêche que je tenais absolument à ne pas être en retard cette fois ci. Et j'y étais presque. Je me demandais quand même, parfois, comment je faisais pour garder mon travail. Je faisais un gros effort pour ne pas arriver trop en retard, j'avais même fais des progrès, mais il n'empêche que ça m'arrivait toujours. C'est peut-être bien vrai, on ne change pas les bonnes habitudes, comme on dit. Je devais être vraiment douée dans mon travail. Enfin, trêve de plaisanteries. « Bon alors, ta semaine, bien ou pas ? » Il ne s'était pas passé grand chose cette semaine. Comme toutes les autres d'ailleurs. Je me levais, j'allais travailler, je rentrais chez moi. Et c'était tous les jours ainsi. Cette routine s'était installée à mon premier jour de travail. Mais ça ne me déplaisait pas tant que ça. Je cherchais pas vraiment à la rompre. « Tu sais, je passe mon temps au lycée, à conseiller des jeunes pour les aider à faire les bons choix dans leur vie. Mais pour ça faudrait qu'ils osent venir me voir. Alors je passe plus de temps à glander qu'autre chose. Donc semaine tranquille, comme d'habitude. » C'est vrai que leur rabâcher tous les jours "allez voir la conseillère, elle vous aidera" les gave plus qu'autre chose. Puis ceux qui ne savent pas vraiment ce qu'ils veulent faire sont ceux qui s'en foutent le plus. Ce qui est bien dommage. Mais j'ai été jeune avant eux. Je sais ce que c'est. « Et toi mon petit chou ? »

« Tu sais, je passe mon temps au lycée, à conseiller des jeunes pour les aider à faire les bons choix dans leur vie. Mais pour ça faudrait qu'ils osent venir me voir. Alors je passe plus de temps à glander qu'autre chose. Donc semaine tranquille, comme d'habitude. » J’admire ma sœur. Elle est là à aider des jeunes pour leur vie future alors qu’eux ils en ont rien à foutre. C’est vrai, quand on est ado on pense qu’à aujourd’hui et puis on quitte le lycée et on se rend compte que demain existe aussi. Faut être courageux pour essayer de le leur faire comprendre avant qu’il ne soit trop tard. Personnellement je pourrais pas faire son travail. Ça me prendrait vite la tête de parler à des murs jour après jour. Enfin je dis ça mais mon boulot est pire. Je réponds aux commandes des gens et puis voilà. Coca, frites, hamburgers, salades, nugets. Tout ce que j’aime … pas. C’est marrant mais je déteste cette nourriture. Encore plus depuis que je bosse là bas. « Et toi mon petit chou ? » Je repris une gorgée de mon café bouillant avant de poser ma tasse, les mains toujours autour. Moi ? Rien, comme toujours. Je crois que j’ai la vie la plus pitoyable au monde. « Je bosse, je me couche, je me lève, je rebosse. Je me demande si un jour un truc excitant va m’arriver. Je sais pas moi comme … rencontrer quelqu’un qui va changer ma vie dans le bon sens. » En ce moment je voudrais changer ma routine. Ouais, je déteste la routine. Pourtant je dois faire avec puisque non seulement je n’ai pas le temps de la changer mais en plus je n’ai pas d’idée.

Je tenais désormais mon café entre mes mains. Je l'approchais de mes lèvres afin de tenter de boire une gorgée. Je fis une petite grimace en le reposant aussitôt. Trop chaud encore. « Je bosse, je me couche, je me lève, je rebosse. Je me demande si un jour un truc excitant va m’arriver. Je sais pas moi comme … rencontrer quelqu’un qui va changer ma vie dans le bon sens. » Dans le bon sens. Est-ce qu'au moins elle s'était rendue compte de ce qu'elle venait de dire ? Enfin peut-être que je voyais des espèces d'indices m'informant sur la situation précaire de son ancienne vie - si je puis dire - juste parce que je voulais inconsciemment qu'elle m'en parle. Ou peut-être que c'était elle qui les donnait non volontairement parce que, malgré tout, parler fait plus de bien. Enfin.. je devais surement trop réfléchir. Ça m'arrivait souvent. Voir et entendre des choses complètement à l'ouest. Je l'avoue, c'était mes interprétations qui étaient à l'ouest, surtout. Mais parfois, je voyais juste. « Pourquoi tu voudrais rencontrer ce genre de personne alors que tu m'as moi ? » Je fis un petit sourire. Opter pour la plaisanterie, la meilleure solution à mes yeux. Celle que j'adoptais la plupart du temps. Puis ça m'empêchait de trop réfléchir, parce bon, elle venait juste de me dire que sa petite routine à elle l'ennuyait.

« Pourquoi tu voudrais rencontrer ce genre de personne alors que tu m'as moi ? » Je souriais en l’entendant. Charlie avait toujours été comme ça. Quand j’ai commencé à sortir avec Henry, elle en était jalouse. Bon il n’y avait pas que ça. Je savais qu’elle ne l’aimait pas vraiment. Elle faisait des efforts pour moi et je lui en étais reconnaissante. Elle avait du être soulagée de savoir que c’était fini entre nous. Bien sur elle ignorait la raison mais ça ne changeait rien au final. « Parce que j’ai envie de nouvelles têtes dans ma vie et aussi parce que j’en ai besoin. » Je lui avais répondu naturellement, parce que je ne voyais pas comment le faire autrement. Ce que je disais était vrai, j’en avais besoin. Et je ne parlais pas forcément d’une relation amoureuse. Je n’étais d’ailleurs même pas prête pour ça. Je voulais juste qu’on retourne ma vie, qu’on la bouge et que je lui trouve un autre sens. « Tu sais, je parle pas forcément d’un gars. Je me suis pas remise d’Henry et même si c’était le cas je veux rien de sérieux pour le moment. » La vérité c’est que j’avais peur, peur que tout recommence, que j’attire la poisse et que mon prochain copain me frappe lui aussi. Il parait que chaque fille aime un genre de garçon et que si elles sortent une fois avec un violent, les autres seront pareils. Et si c’était vrai ? Je ne m’en remettrais pas.

« Parce que j’ai envie de nouvelles têtes dans ma vie et aussi parce que j’en ai besoin. » Ce que je comprenais totalement. Moi je me contentais de peu mais je n'avais pas vécu ce que ma soeur avait pu vivre. Je ne comprenais pas vraiment en faite. Oui, c'est assez contradictoire. Parce qu'il est vrai que je ne peux pas comprendre. Mais dans un sens, j'essaie. Et je me rend bien compte que c'est pas facile. Et elle continuait de ne rien dire. Ça doit surement être ça le plus dur. Tout garder pour soit. Et s'enfuir sans pouvoir ne rien dire à personne. « Tu sais, je parle pas forcément d’un gars. Je me suis pas remise d’Henry et même si c’était le cas je veux rien de sérieux pour le moment. » Ça je l'avais bien compris par moi-même par contre. J'aurai même trouvé très étrange qu'elle me dise le contraire. Je n'étais moi-même pas prête à trouver quelqu'un d'autre, alors qu'il n'y avait absolument rien de comparable, alors elle. Je lui fis un petit sourire. « J'avais compris. » Et c'est tout ce que je trouvais à rajouter. J'allais tout de même pas lui faire un petit blabla sur le fait qu'elle retrouverait forcément quelqu'un de bien. Le fameux blabla qu'aucune de nous n'a envie d'entendre. Puis ce n'était vraiment pas approprié. Encore moins que lors d'une rupture moins.. extrême, dirons-nous. Je veux dire, on n'est pas toutes obligées de s'enfuir à des km juste pour un garçon. Tout abandonner derrière nous et recommencer sa vie à zéro dans un endroit qui nous ait complètement inconnu. Et puis, je pense que moi-même, j'aurai du mal à la revoir avec quelqu'un d'autre. Forcément je me méfierai. J'ai toujours était très méfiante quand ma soeur se mettait à fréquenter quelqu'un , même très jeune quand ça ne voulait encore absolument rien dire. Mais là je le serai encore plus.

De tous mes proches, ma sœur était la seule à qui j’aurais le plus de mal à dire la vérité. Je ne voulais pas qu’elle sache. Ça vision de moi ne changerait pas, je le savais. Mais s’était avoué à la personne qui compte le plus pour moi dans ce monde mes faiblesses. J’aurais voulu pouvoir lui dire. Elle sait écouter, elle sait conseiller et par-dessus tout, elle sait réconforter. Je devrais pouvoir tout dire à ma sœur pourtant j’en étais incapable. Dans cette histoire c’est ce qui me pesait le plus. Ce silence je m’y étais faite. Vous savez ce que c’est de garder un secret tout au fond de vous ? De ne même pas pouvoir le dire à haute voix que ce soit devant quelqu’un ou même devant un miroir ? Il m’a détruit pourtant je souris. Je souris parce que je n’ai pas le choix, je ne l’ai jamais eu. On peut être la personne la plus triste au monde et sourire. Quand on fait la gueule, on met encore plus de temps à se remettre. J’ai lu ça dans un magasine. Du coup, j’essaye de voir la vie du bon côté et je souris. C’est pas tous les jours facile, croyez moi … « J'avais compris. » Elle comprend toujours ce à quoi je pense. C’est genre un don qu’elle a depuis toujours. Je peux presque rien lui cacher. Y’a que quand je le veux vraiment que j’arrive à ne pas être transparente pour elle. Je bus une autre gorgée de mon café. « Mais bon, j’attends encore. »

« Mais bon, j’attends encore. » Elle finira forcément par trouver ce genre de personne. Parce que c'est une fille extraordinaire. Et je pense pas ça uniquement parce que c'est ma soeur. J'aurai très bien pu avoir le genre de soeur détestable à souhait. Une soeur avec qui je ne m'entend absolument pas. Une soeur que je déteste et réciproquement. Heureusement ça n'a pas été le cas. J'ai tout de suite aimé ma petite soeur. Dès qu'elle a vu le jour. Enfin aussi lointains que mes souvenirs sont, je l'aimait. Je voulais pas qu'on lui fasse du mal. J'aurai pu cracher à la figure de la personne qui osait lui faire du mal. Ou parce qu'étant petite, je ne pouvais pas faire grand chose d'autre. Maigrichonne comme j'étais, un vrai cure-dent.. Enfin je m'éloigne là. « Qui sait, en servant tes frites tu feras peut-être LA rencontre. » Je lui fis un petit sourire innocent. Mais en même temps, ce n'est pas en sortant uniquement pour aller travailler qu'elle rencontrera du monde. Il faut qu'elle sorte, qu'elle bouge. Enfin, je ne suis pas très bine placée pour dire ce genre de chose, je l'avoue. Si il y a bien une personne dans cette ville qui ne sort que pour son boulot, c'est bien moi. Mes seuls petits plaisirs sont ces cafés qui annonçaient le week end en compagnie de ma petite soeur chérie. Mais moi ça me suffisait.

« Qui sait, en servant tes frites tu feras peut-être LA rencontre. » Franchement comme rencontre, y’a pas mieux, c’est le top ! Je dis ça mais elle a raison. Sans le savoir, elle met le doigt sur quelque chose. Il y a bien un gars … Gabriel vient souvent le soir à la fermeture et je dois avouer que j’ai un faible pour lui. Mais je ne suis pas prête à revivre l’amour et je suis bien en étant son amie. C’est simple, y’a pas de prises de tête comme ça. Je l’ai rencontré quand je servais mes frites comme dit Charlie. Une rencontre banal qui a entraîné une bonne amitié. Je suis contente de le connaître, vraiment. « Qui sait ouais … » J’avais pas envie de me dire que c’était peut être déjà le cas mais je ne pouvais pas m’en empêcher. J’avoue que j’aime beaucoup Gabriel, un peu plus que je ne devrais d’ailleurs … Mais j’essayais de ne pas y penser. On verra ce que l’avenir me réserve. En tout cas, je ne veux plus être amoureuse, jamais. Et dire que Charlie n'est même pas au courant pour tout ça. Je lui cache vraiment trop de chose, faut que j'arrête ...

« Qui sait ouais … » Je lui fit un petit sourire avant de finir mon café maintenant bien tiède. Juste la température qu'il faut. Je regardais Jules. Elle était si belle et si gentille. « Allez petite soeur, soit un peu optimiste ! Tu feras de magnifiques rencontres ici. » J'en étais persuadée. Et j'étais prête à crier sur tous les toits à quelle point elle est formidable pour que ça arrive plus vite que prévu. « On pourra sortir si tu veux. Le soir, à la nuit tombée. Un petit resto ça te dit ? J'aurai bien proposé d'aller en boite mais on risque de se faire draguer.. » Ce que je ne recherchais absolument pas. Ce détestait ça, remballer les mecs. Je savais pas trop comment m'y prendre pour ce genre de chose. Alors j'évitais le plus possible ce genre d'endroit. Puis j'avais dépasser l'âge. Non pas que j'étais une vieille toute ridée. Mais ce sont mes élèves qui vont en boite, pas moi.